La Gazette

des Comores

Géré, le slam plus qu’une passion, une addiction

Géré, le slam plus qu’une passion, une addiction © : HZK-LGDC

« Ma plus grande réussite serait de perdurer et de me faire connaître au niveau international de vivre de cette passion mais aussi de sensibiliser les jeunes et de leurs faire découvrir cet art. Quand tout cela arrivera je dirai que j’ai tout réussi ». Ces mots prouvent combien le premier projet Géré El-Mourad Le Parolier n’est que le début du commencement.


Deux ans depuis qu’il ne fait plus qu’un avec les mots, Géré El-Mourad Le Parolier ou Soundi Ismael El-Mourad dans l’état civil, a sorti le 19 septembre dernier son premier projet. Du haut de ses 21 ans, ce jeune étudiant en histoire à l’Université des Comores, originaire de Nioumadzaha Bambao, revient sur ses débuts. « Quand je regarde en arrière, mes premiers contacts avec les mots et la musicalité, dans les rap que j’écoutais un peu plus jeune, il me semble que quelque chose d’important s’est joué à ce moment-là », nous confie-t-il. Si avant 2019 ce troisième lauréat du concours de slam Sakara 2021 se laissait guidé par le rap, c’est l’album « Sulaha » du comorien Bil Wiz qui l’a poussé à embrasser cet amour pour les mots et les rimes. « Je pense que ces expériences m’ont fait associer musicalité des mots et joie extrême », dit-il. Fier de ce qu’il est devenu, ce jeune talent garde les pieds sur terre et cite le slam comme étant « la sensibilité, la sensualité mais aussi la solitude positive où on peut se retrouver avec soi-même ». Les maitres mots qui ont fait de lui le « maitre des mots ».

Dans son projet intitulé « Tsi Kura (Je suis rassasié ; j’en ai marre ou j’en ai ras-le-bol selon le contexte », celui qui considère le slam comme étant « la musique du « Je » se résume à parler de soi et de son expérience. « D'ailleurs qui d’autre peut le faire, et c’est exactement ça le fondement de ce projet », nous dit-il sourire aux lèvres. « Mon premier projet, l’album Tsi Kura est comme j’ai l’habitude de le dire « l’hymne à la liberté d’une jeunesse délaissée ». Tsi Kura est la métaphore de ma vie mais aussi de la vie de toute la jeunesse comorienne. En ce sens, les thématiques abordés dans ce projet sont naturellement les thèmes de la vie quotidienne : l'école, l’amour, la solitude, mon pays, le changement ,... », explique Géré. Bien que jeune, Soundi donne l’impression d’avoir vécu beaucoup de choses qui lui ont suffi. Il n’hésite pas à le dire lors de cet entretien. « Dès mon si jeune âge, j’en ai tellement vécu. Et je ne suis pas le seul donc j’ai voulu dénoncer la misère de notre jeunesse. Quoi de mieux pour s’échapper de sa misère que de la partager, de la dénoncer et de la faire comprendre », s’exclame-t-il.

 

Souvent en slam et surtout lorsqu’on est jeune, on a tendance à parler de l’amour et à dénoncer les violences. Géré, lui, évoque, en plus de tous ces thématiques, la politique. S’il a osé faire une telle chose, c’est pour lui une volonté de « marquer les grands esprits ». « Et comment parler des Comores sans parler politique ? Après tout, le cœur de tous ces problèmes est l’aspect politique du pays, la gouvernance compliquée de nos dirigeants. “Dis-moi ton vécu je te dirai quelle politique te gouverne”, ma personne et celle de la jeunesse comorienne sont indissociables de la politique des Comores. C’est bien une part de nous. Et c'est pour cela que j’ai écrit Usikitifu (Peine) et Waheri ndo (C’est qui l’idéal) », concède-t-il.

Son amour pour le pays est aussi indissociable à celui de son île natale. Dans son projet, deux titres portent le nom de ‘’Ngazidja Yangu’’ dans lesquels il slame les noms des différentes localités allant du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest. 3ème prix du concours Sakara, il porte en ce prix une grande fierté. « Ce prix représente beaucoup pour moi, ma famille et mes amis », lance-t-il affirmant que c’est sa première participation à un concours de cette envergure. Natif de Nioumadzaha, village des chanteurs de Twarab feu Kadafi, et de zouk General Idée, Géré reconnait l’essor de cet art qu’est le slam. « Je dirai que c’est un art que tout le monde mériterait de découvrir humble et si magique », renchérit-il. Pendant que le slam se fait facilement en français, Géré, lui, l’écrit en shikomori car « destiné au public comorien » avec son slogan ‘’parle-moi dans ma langue je te comprendrai.’’ S’il continue à garder les pieds sur terre, le slameur qui a du mal à se dire être engagé voit avec le slam « une carrière qui se prépare ». « Ma plus grande réussite serait de perdurer et de me faire connaître au niveau international de vivre de cette passion mais aussi de sensibiliser les jeunes et de leurs faire découvrir cet art. Quand tout cela arrivera je dirai que j’ai tout réussi », dit-il.

A.O Yazid

 


Les contenus publiés dans ce site sont la propriété exclusive de LGDC/HZK Presse, merci de ne pas copier et publier nos contenus sans une autorisation préalable.