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des Comores

Housna Thabit, Coordinatrice du PADSF : « Avec la digitalisation, l’argent circulera plus facilement et plus rapidement »

Housna Thabit, Coordinatrice du PADSF : « Avec la digitalisation, l’argent circulera plus facilement et plus rapidement » © : HZK-LGDC

La Banque Centrale des Comores a lancé depuis quelques semaines le Projet d’Appui au Développement des Services Financiers en Union des Comores. Le projet s'inscrit dans le double objectif de la Banque mondiale de mettre fin à l'extrême pauvreté, tout en favorisant la prospérité partagée, en facilitant l'accès aux services financiers. Housna Thabit, la coordinatrice du projet voit en ce projet une occasion pour réduire la pauvreté dans le pays.


Question : Quels seront les principaux axes du Projet d’Appui au Développement du Secteur Financier ?

 

Housna Thabit : L’objectif principal du projet est la croissance de l’inclusion financière. Nous voulons arriver à un taux de bancarisation supérieur à 80% d’ici 2025. Pour cela, il va y avoir des investissements dans des solutions bancaires qui rendront les transactions plus fiables, plus rapides et moins coûteuses pour les utilisateurs des services bancaires. Le deuxième axe ou point important est l’appui aux institutions de micro finances et organismes émetteurs ou receveurs de paiement dans leur digitalisation pour pouvoir recevoir tous types de paiements dématérialisés.

 

Question : Vous parlez d’inclusion financière dans votre projet. Comment comptez-vous toucher toutes ces personnes ?

 

H.T : Comme indiqué précédemment avec une campagne de sensibilisation et d’éducation en nous rapprochant de toutes les populations dans toutes les îles. Il va y avoir une vaste campagne d’éducation financière auprès de la population avec en priorité les populations n’ayant pas accès aux services bancaires de base sur l’utilité, et l’utilisation des services financiers. Cette campagne durera tout le long du projet jusqu’en 2024 pour que nous puissions atteindre notre objectif d’inclusion financière. Cette campagne mettra un accent sur les femmes, surtout les femmes rurales pour les encourager dans leurs activités génératrices de revenus.

 

Question : Comment le projet va-t-il réduire la pauvreté dans le pays ?

 

H.T : Les populations rurales ont des activités génératrices de revenus, mais ces revenus restent insuffisants. En ayant une culture d’utilisation de compte en banque pour sécuriser leurs revenus, ces populations auront accès à des services tels que les crédits ou subventions qui leur permettront d’investir dans leurs activités pour les pérenniser et leur permettre de produire plus, plus rapidement. Avec la digitalisation, l’argent circulera plus facilement et plus rapidement qui sera également un facteur de réduction de la pauvreté.

 

Question : Il y a eu récemment l’adoption et la promulgation de la loi sur la monnaie électrique. Quelle sera sa place dans le projet ?

 

H.T : La loi a pour objet « de fixer les règles relatives aux services de paiement et aux prestataires de services de paiement y compris aux services de paiement offerts aux moyens d’une monnaie électronique ». Cette loi aura donc une place prépondérante dans le projet, car l’émission de monnaie électronique étant légiférée, il sera plus facile de cadrer les émetteurs. En effet sans cadre juridique il serait très difficile de définir un cadre de travail à respecter pour les prestataires de paiements électroniques

 

Question : Quelles seront les principales étapes de modernisation du système financier comorien ?

 

H.T : La mise en place d’un seul système conceptuel, le système Automatisé de Paiements (SAT+) qui permettra la présentation, le traitement et le règlement des paiements interbancaires locaux. Ce système réduira énormément les délais de traitements des opérations interbancaires qui peuvent aller jusqu’à 4-5 jours pour une transaction (principalement les chèques). Le SWITCH national quant à lui permettra une interopérabilité des paiements numériques. L’appui à la Direction de la Surveillance des BEF et de la Règlementation à travers le recrutement d’un assistant technique.

 

Question : Parlez nous du Switch National et de ses impacts ?

 

H.T : Comme cité plus haut, le SWITCH national va être installé pour assurer une interopérabilité des transactions numériques. C’est-à-dire avec une carte (ou tout autre instrument numérique) d’une banque X, vous pouvez faire vos transactions sur des terminaux de paiements d’une banque Y. A l’heure actuelle, seules les banques ayant des cartes de paiement internationales (VISA ou Mastercard) ont cette possibilité à travers un switch qui est à l’étranger, qui facture toutes les opérations. L’installation du switch national va engendrer une forte baisse des tarifs des transactions interbancaire

 

Question : Jusqu’à maintenant, qu’est ce qui a été réalisé et quelles seront les prochaines étapes ?

 

H.T : On peut citer la promulgation de la loi portant sur la monnaie électronique, l’adoption et la promulgation de la loi sur l’accord de financement du projet, l’acquisition du CBS de la BCC (Système d’informations bancaire), la réhabilitation et la mise aux normes de la salle des serveurs de la BCC pour pouvoir abriter le système CBS, le SAT+ et ultérieurement le SWITCH national, l’acquisition du logiciel de supervision bancaire, l’audit de la SNPSF pour la scission de cette dernière en deux entités (banque postale et services postaux). Les prochaines étapes consiste en la mise en place du Conseil National des systèmes de Paiements pour assurer la collaboration efficace entre les parties prenantes au marché, les autorités réglementaires et les participants au marché, la mise en place des textes réglementaires régissant le fonctionnement et la surveillance du Système National de Paiements, l’’organisation des ateliers sur les travaux de normalisations préalable à la mise en place du SAT+, l’équipement et l’aménagement du site de secours localisé à Moroni Oasis pour s’assurer une continuité des activités en cas de sinistre du site principal.

 

Il y a aussi l’organisation d’une vaste campagne de sensibilisation et d’éducation financière ciblée sur la population, notamment dans les zones rurales ayant difficilement accès aux institutions financières, un diagnostic de la Centrale des Risques et des Incidents de Paiement (CdRIP) et appui à son amélioration et la mise en place d’une unité des Système de Paiements à la BCC. Le projet étant mis en vigueur, une proposition de décret va être soumise pour la mise en place du Conseil National des Paiements qui sera l’organe central du Système National de Paiements.

 

Propos recueillis par MY


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