Un séminaire sur le crédit-bail a été organisé lundi 30 septembre dernier à Moroni. Il avait comme objectif de sensibiliser les parties prenantes du gouvernement sur les avantages de ce nouvel dispositif. Le gouverneur de la Banque Centrale des Comores, Younoussa Ben Imani est revenu sur ce sujet et nous montre l’importance de nouveau produit pour le développement de l’économie comorienne.
Le crédit-bail a été institué aux Comores en juin 2012 et sa mise en œuvre a nécessité l’accomplissement d’un certain nombre de conditions, et d’actions. Il s’agit notamment de l’adoption des textes réglementaires, d’une campagne de sensibilisation pour l’adhésion des banques et du secteur privé et bien évidemment de l’Etat. Mais les textes d’application nécessaires et des actions de formation et de vulgarisation pour impliquer les différentes parties prenantes n’ont pas suivi. Et c’est resté dans les tiroirs. C’est suite à la demande de la Banque Centrale des Comores (BCC), que le commissariat général au plan et en collaboration avec l’AFD que le projet du crédit-bail a été relancé en 2022. Pour mener à bien tous ces travaux préliminaires, un groupe de travail dénommé Task Force a été mis en place et composé du gouverneur de la BCC, du commissaire général au plan, du président du tribunal de commerce, des représentants du ministère des finances, de la directrice de l’ANPI, des représentants du secteur bancaire, des représentants du secteur privé et des partenaires au développement (SFI et AFD). Interview.
Question : La semaine dernière, la BCC a organisé un séminaire pour sensibiliser le gouvernement et les parties prenantes sur le crédit-bail. Que peut-on retenir de cette semaine de travail ?
Younoussa Ben Imani : La semaine dernière, un séminaire sur le crédit-bail a été organisé par la Banque Centrale et le Task Force. Il était destiné à sensibiliser le Gouvernement et les Parlementaires sur l’importance du crédit-bail aux Comores. L’objectif est de présenter aux hautes autorités de l’Etat les différents avantages de la mise en œuvre d’un crédit-bail comme outil de financement de l’économie comorienne, notamment du secteur productif. Le gouvernement et les parlementaires ont pris bonne note de l’état d’avancement des travaux et ont félicité la Task force des activités réalisées jusqu’ici ayant permis de pouvoir démarrer bientôt les activités de crédit-bail. Ils ont émis le souhait de la mise en œuvre des campagnes de sensibilisation et l’élaboration des brochures à destination de la population cible du crédit-bail, afin de leur permettre de mieux comprendre le mécanisme du financement. Le crédit-bail étant un mécanisme de financement des équipements du secteur répond parfaitement aux objectifs fixés dans le PCE pour développer le secteur productif.
Question : Le crédit-bail est un nouveau produit pour les Comoriens. Quels seront les avantages pour ces derniers ?
Y.B.I. : Le crédit-bail présente de nombreux avantages pour les Comoriens. Tout d’abord, il permet à chacun d'acquérir des biens mobiliers et immobiliers sans besoin d’une garantie hypothécaire ou une garantie financière. Il sera moins coûteux en ce sens que le risque crédit est plus maitrisé dans la mesure où l’équipement appartiendra à la Banque bailleur jusqu’au remboursement de la totalité du crédit par le client. Cette flexibilité offre une opportunité unique de pouvoir permettre aux jeunes prometteurs ou aux entreprises désirant investir et ne disposant pas d’hypothèques suffisantes de pouvoir acquérir différents outils de production. Ce qui favorisera l’innovation et l’entrepreneuriat local. Plus concrètement, les entreprises de tous les secteurs peuvent se doter des équipements variés tels que des véhicules, du matériel médical, du matériel agricole, des équipements énergétiques, avec des conditions d’acquisitions plus faciles et des remboursements moins chers. Ce nouvel instrument de financement de l’économie contribuera énormément à l’inclusion financière surtout en milieu rural, et à créer plus d’emplois. Le crédit-bail contribuera ainsi à l’amélioration la qualité de la vie.
Question : Seulement deux institutions financières se sont lancées. Qu'en est-il pour les autres ?
Y.B.I. : À ce stade, la BCC a sélectionné deux institutions financières comoriennes pilotes : A Anjouan, nous avons choisi une micro finance qui est Sanduk Anjouan et en Garnde Comore, nous avons choisi une Banque qui est Exim Bank. Toutefois, notre objectif est de vulgariser ce mécanisme de financement à l’ensemble des autres institutions financières et bancaires aux Comores.
Question : Pour la Banque Centrale, que va-t-il apporter ce nouveau produit ?
Y.B.I : Pour la Banque Centrale des Comores (BCC), le crédit-bail constitue un des nouveaux instruments de financement bancaire que nous avons développé. Il permet de réduire le risque de non remboursement qui est aujourd’hui un des handicaps qui réduit le volume de financement envers le secteur privé. La Banque Centrale apportera son appui dans la recherche de financement bancaire pour développer le crédit-bail. En tant que régulateur, la BCC veillera à ce que les institutions financières soient bien encadrées et outillées dans la mise en œuvre du crédit-bail. Le crédit-bail va enfin pouvoir améliorer le portefeuille du crédit bancaire et réduire le taux de créances douteuses.
Question : Que va-t-il apporter à l'économie comorienne ?
Y.B.I. : L’introduction du crédit-bail aux Comores aura un impact positif sur l’économie du pays. D’abord, en facilitant l’accès au crédit à l’économie des personnes autrefois exclues du système par manque de garantie. Il permettra par conséquent d’augmenter l’emploi donc les revenus des ménages. Il permettra aux entreprises d’accéder plus facilement au financement des équipements productifs plus facilement qu’elles n’en bénéficient aujourd’hui. Tous les secteurs de l’économie seront des bénéficiaires potentiels : Le secteur du transport, le secteur de l’agriculture, le secteur de la transformation et de l’industrie, le secteur de la santé et de l’éducation, le secteur de l’énergie et du tourisme. Bref tous les secteurs productifs pourront bénéficier du crédit-bail, par conséquent pourront augmenter leur production. Cela pourrait à terme améliorer la compétitivité des entreprises comoriennes, les rendant capables de produire des biens de meilleure qualité à des coûts réduits. Enfin, le crédit-bail, en stimulant la création d’emplois directs et indirects, participera à la lutte contre le chômage et à l'amélioration des compétences locales. Ce développement positif entraînera une hausse du niveau de vie pour la population et renforcera les bases d’une économie plus résiliente et dynamique.
Propos recueillis par MY
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