La Gazette

des Comores

Interview: Houmed Msaidie, ministre de l’économie « Le rôle le plus attendu de la diaspora, c’est d’investir dans le développement du pays »

Interview:  Houmed Msaidie, ministre de l’économie  « Le rôle le plus attendu de la diaspora, c’est d’investir dans le développement du pays » © : HZK-LGDC

La conférence des partenaires au développement aura lieu les 02 et 03 décembre prochain à Paris. A quelques jours de l’évènement, le ministre de l’économie mais aussi le patron du comité interministériel en charge de l’organisation montre que tout est en place pour la tenue de la conférence et dans les meilleures conditions.


Quelle relation entretiennent les Comores avec les organisations internationales ?

Les Comores entretiennent une très bonne relation avec les organisations financières internationales. Des efforts ont été fournis pour ramener le niveau d’endettement des Comores qui était de 60% à 16%. Donc c’est un endettement soutenable qui nous permet effectivement d’accéder à des prêts bien sûr en entente avec le FMI avec lequel, probablement vers la fin du mois prochain, on va signer un gros programme. Nous avons aussi de très bons rapports avec de nombreux Etats et je prendrai l’exemple de la France qui nous dira certainement à Paris les 02-03 décembre, qui vient de nous accorder un don de 150 millions d’euros. Nous avons de très bons rapports avec l’Arabie Saoudite et un certains nombre d’Etats qui nous soutiennent dans nos efforts au développement. Mais nous faisons donc partie de ce monde mondialisé où le secteur privé joue un rôle très important. Nous allons à Paris évidement pour nous adresser aux institutions financières et aux Etat mais l’objectif est également et de s’adresser au secteur privé international. Parce que le secteur privé comme vous le savez crée non seulement de l’argent mais aussi des emplois. Donc, nous allons à Paris pour mobiliser le secteur privé parce que nous avons aussi des projets qui peuvent être financés par le secteur privé. Et mon état d’esprit est de constater qu’effectivement, beaucoup d’entreprises privées ont répondu à notre invitation et ont confirmé leur participation à la conférence de Paris. Et ça ne peut que nous réjouir, nous en tant que comité interministériel chargé d’organiser cette conférence mais aussi le comité technique de suivi de cette conférence. Nous sommes très satisfaits parce que le secteur privé a répondu massivement. Et ici en interne, le secteur privé comorien souhaiterait participer totalement à la conférence mais on va les inviter à une autre conférence comme ça était fait en Afrique du sud récemment, où on a réuni le secteur privé et local pour demander sa contribution dans les 5 ans à venir dans les investissements du pays.

Puisque vous parlez des investisseurs et des bailleurs qui ont répondu favorablement à la conférence. Est-ce qu’il était question que vous mobilisez aussi des fonds souverains internationaux ? Est-ce qu’on peut avoir une idée des fonds qui ont vraiment répondu favorablement ?

Si vous parlez des fonds souverains, ce sont des Etats qui acceptent de céder une partie de leur fonds pour aider, un emprunt ou un projet pour mieux le fructifier. Donc, là on ne peut rien dire. On attend. C’est à ces Etats là de venir se prononcer s’ils sont prêts à amputer une partie de leurs fonds souverains dans un cadre de partenariat pour accompagner les ambitions des Comores d’aujourd’hui et de demain.

Il y aussi le côté politique. Est-ce qu’on peut avoir une idée claire sur le profil, parce qu’il y’a le coté de la communauté internationale financière et le coté politique ?

Sur le coté politique, on va parler en termes d’organisations internationales, l’ONU, l’Union  Africaine, la Ligue des Etats Arabes seront tous là et d’autres organisations à caractère international et régional qui existent mais ce sont les principaux. Et toutes ces organisations vont venir pour apporter leur soutien à la démarche du président Azali Assoumani et confirmer qu’effectivement le président a engagé le pays dans un processus d’émergence d’ici 2030 en adéquation avec le programme 2063 de l’Union Africaine.

La conférence est parrainée par la France plus précisément par Emmanuel Macron. Personnellement, quel commentaire faites-vous sur cette implication personnelle de la France ?

A mon avis, cela traduit une volonté de refonder la relation France-Comores. Cela ne veut pas dire que dans le passé, la relation n’était pas bonne mais maintenant on a une autre vison. En tout cas, ce que j’ai compris chez nos chers amis français, ils veulent que leur intervention aux Comores soit visible. C’est depuis longtemps, la France intervenait aux Comores mais ce n’est pas très visible. Donc, maintenant elle veut que son action soit visible et c’est ce qu’accomplit le président Macron. La relation est beaucoup plus visible maintenant qu’avant. Ce ne sont pas des petits projets mais ce sont des grands projets dont on commencera à voir les résultats. Ce qui ne veut pas dire que la France ne nous a pas aidés dans le passé, elle nous a aidés beaucoup. Dans la même lignée, il y’a un projet de formation et d’insertion qui sera mis en place incessamment et qui va être peut être aussi un miroir pour d’autres formations insertions qui sont les méthodes utilisées dans de beaucoup pays pour répondre à la question du chômage des jeunes.

A quelques jours de la tenue de la conférence, combien des pays ont déjà répondu favorablement?

Je n’ai pas un chiffre exact ! Mais un peu plus d’une cinquantaine. Bien sûr, nous n’avons pas invité le monde entier. La salle n’est très grande. Elle a 200 places seulement et on a invité en fonction de la disponibilité de la salle.

Justement puisque vous parlez de la salle, il se posait des problèmes logistiques. Est-ce le cas ?

Elle peut contenir jusqu’à 200 personnes, c’est largement suffisant pour ce que nous voulons dire et ce que nous voulons faire.

On  nous a annoncé  des zones de financement à hauteur de 4 milliards d’euros. Qu’est ce qu’a été fait techniquement pour y parvenir et espérer pouvoir lever ces fonds ?

On va à Paris, pour dire au secteur privé international qu’aux Comores, il y a des projets qu’ils peuvent financer dans un cadre de partenariat avec les Comores et avec le secteur privé  local ici comme ailleurs. Comme vous le savez, de jour en jour, on continue à construire des bateaux, des avions, des trains, tout ça, c’est pour transporter des hommes et des marchandises, et nous faisons partie de ce monde là. Les Comores aussi constituent un marché, un vrai marché, déjà 800 000 à 1 million de personnes, il faut compter aussi la diaspora qui intervient massivement dans le pays sur le plan financier, donc c’est un vrai marché. Donc, on va vendre ce marché auprès des opérateurs économiques internationaux pour venir ici investir dans les infrastructures routières, portuaires dans une démarche gagnant-gagnant, qui peuvent investir dans les ports, aéroports comme ça se fait partout. Vous voyez, il y a des aéroports qui sont construits par des Etats et qui immédiatement prennent la gestion de ses aéroports pour récupérer leur argent. Mais surtout, si je parle de la construction des avions qui s’amplifie de jour en jour, c’est pour favoriser les voyages et quand on parle des voyages, on parle du tourisme. Et l’archipel des Comores, c’est effectivement une destination touristique. C’est surtout une destination touristique nouvelle. Ce qu’on peut faire ici, c’est avec une vision nouvelle, qui est la vision de l’écologie qui prend en compte l’environnement. Nous allons vendre le tourisme sachant très bien que le tourisme ne peut aller que si on s’adresse à la question des déchets. Et là également nous avons des projets qui sont vendables par rapport à des investisseurs potentiels. Et je peux vous dire en tant que ministre de l’investissement, il y a beaucoup de sollicitations dans ce domaine du tourisme, de traitement de déchets et de l’énergie. Le président a beaucoup sensibilisé et on sent que son message est passé, parce que moi je suis très sollicité dans le tourisme, dans l’énergie et dans le domaine de la transformation des déchets. Personnellement, je suis très confiant quant au succès de cette conférence.

Quels sont les mécanismes mis en place pour assurer le suivi de la conférence de Paris ?

Nous allons tout d’abord écouter ce que les autres vont nous porter et ensuite le gouvernement va s’asseoir pour voir comment effectivement gérer l’après-conférence. Mais l’esprit est le même, ce sont des partenaires d’ordre  étatique ou institutionnel ou des partenaires privés. Et pour chaque partenaire,  il y a des mécanismes propres pour le suivi.

Puisque vous parlez du secteur privé international et national, il y a aussi cette diasporas économique, beaucoup des comoriens qui sont installés en Europe plus particulièrement  en France, comment comptez vous faire pour les mobiliser ?

Notre diaspora a été mobilisée plus particulièrement celle qui intervient dans le domaine économique et elle s’est manifestée. On a inscrit pas mal de nos frères et sœurs qui sont dans le domaine. Mais comme vous le dites, c’est leur pays, effectivement la diaspora envoie beaucoup d’argent ici mais d’une manière générale, c’est pour acheter de l’or, du riz enfin, la consommation courante liée au grand mariage et à la fête. Mais il y a beaucoup d’opportunité d’investissement pour la diaspora ici. Et si justement demain des opérateurs économiques venant d’ici et là-bas veulent encore investir encore ou viennent investir aux Comores, il n’est pas impossible de penser qu’on pourrait réserver dans ce genre d’investissement une part à cette diaspora pour qu’elle puisse s’associer à des investisseurs qui ont un peu plus de fonds. Je sais très bien qu’il y a beaucoup de comorien qui ont de l’argent qui investissent en France, en Espagne, en Tunisie, en Allemagne et même aux Etats Unis. Maintenant, c’est le moment de venir  investir également dans leur pays.

On sait très bien que le PNUD, la Banque mondiale, l’Agence Française de développement jouent un rôle très importants dans ce processus. Sur le plan organisationnel, technique et financier, ou en est- on exactement ? 

Pour le moment il n’y a pas un problème particulier. On s’achemine vers la tenue de la conférence. Les délégations commencent à partir pour s’assurer que les choses se passent comme prévu.

Un dernier mot ?

Personne ne peut contester leur combat. Ils ont des objectifs et une façon de voir les choses qui leurs sont propres. Ce n’est pas la manière que nous voyons. Nous sentons plutôt que le pays va de l’avant. Donc, pour nous cette diaspora, elle est très importante. Elle joue son rôle ici mais je me permets de dire que le rôle le plus attendu de la diaspora, c’est d’investir dans le développement du pays. Et ce n’est pas pour aller acheter de l’Or à Dubai ou bien des meubles en Chine mais d’investir dans le durable comme le tourisme et dans les infrastructures. Je suis sûr que déjà ça travaille un certains nombre d’entre eux pour ne pas dire tout le monde. Ils ont certainement des craintes mais moi je leur dis que c’est un combat et je les encourage à revenir au pays et à investir.

Propos recueillis par MY

 


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