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des Comores

Réformes sur le Franc CFA / Les Comores gardent encore le KMF

Réformes sur le Franc CFA / Les Comores gardent encore le KMF © : HZK-LGDC

Le projet de loi entérinant la fin du franc CFA a été adopté mercredi 20 mai dernier en Conseil des ministres par le gouvernement français. La réforme concerne huit pays membres de l'Union monétaire ouest-africaine : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Et cette dernière ne concerne en aucun cas les Comores.


Créé en 1945 par le gouvernement provisoire français, le franc CFA est la dernière monnaie coloniale qui circule encore sur le continent africain. Placé, aujourd’hui encore, sous la tutelle politique et financière du gouvernement français, il est utilisé par plus de 187 millions de personnes, réparties en trois zones monétaires : la Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC), les huit pays formant l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) et l’Union des Comores. Ces anciennes colonies françaises ont toutes signé des accords de coopération monétaire avec la France. Il s’agit de l'accord de coopération monétaire entre la République française et les Républiques membres de l’Union Economique Monétaire Ouest-Africaine (UMOA) du 4 décembre 1973, la convention de coopération monétaire entre les Etats membres de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) et la République française du 23 novembre 1972 et l'accord de coopération monétaire entre la République française et la République fédérale islamique des Comores du 23 novembre 1979. La réforme dont il est question concerne uniquement le franc CFA de l’UEMOA (une autre réforme est apparemment à l’étude pour le franc CFA de la CEMAC).

Cette réforme ne concerne en aucun cas les Comores mais une évolution aux Comores n’est pas à exclure. Pour l’instant, le pays va continuer à utiliser le KMF pour plusieurs raisons. Les Comores étant importateurs nets, son taux de change fixe lui est favorable surtout pour les échanges avec les pays utilisant la monnaie d’arrimage qui est l’Euro. Il est important de noter que le régime de change des Comores jouit d’une parfaite maîtrise de la parité entre les deux monnaies dans le cadre de l’accord de coopération monétaire avec la France (1 euro = 491,96775 FC).

Ce taux de change fixe pourrait également s’avérer source de crédibilité en fournissant un ancrage nominal robuste pour la politique monétaire. En effet, la parité fixe avec l’Euro pourrait créer un cadre qui permet la stabilité macroéconomique si des mécanismes de marché avec un comité de politique monétaire étaient mis en place. Les instruments de la politique monétaire assureraient l’essentiel du contrôle de la liquidité bancaire. « Notre accord monétaire avec la France reste un gage de sécurité pour le pays. Appartenir à cette zone nous apporte beaucoup d’avantage que d’inconvénients », montre un économiste du pays. Si certains parlent de problème de souveraineté, notre interlocuteur reste persuadé qu’il ne faut pas mélanger un débat politique à la monnaie. « Notre monnaie liée à l’Euro est une aubaine pour nous ! Aujourd’hui, elle est plus forte que les autres pays de la région », dit-il.

Du Franc CFA à l’ECO

Ce qui va changer c’est tout d’abord le nom de la monnaie. Le franc CFA deviendra l’éco. Mais le vrai changement en profondeur c’est la rupture des liens « techniques » entre les pays concernés, le Trésor et la Banque de France. La France ne va plus cogérer la monnaie ouest-africaine avec les États concernés.

Autre changement, la Banque Centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BECEAO) ne devra plus déposer la moitié de ses réserves de change auprès de la Banque de France. Cette obligation était perçue comme une dépendance humiliante vis-à-vis de la France par tous ceux qui ont œuvré pour cette réforme. La France va aussi quitter tous les organes de décision et de gestion de la BECEAO. Mais Paris continuera d'offrir des garanties en cas de crise monétaire.

Aux Comores, comme autrefois au Mali, les représentants de l’Etat français occupent la moitié des sièges du Conseil d’administration de la Banque centrale (dont les statuts actuels ont été définis en 2008). Cette forte présence de la France dans le CA de la Banque Centrale peut paraître comme une contrainte dans la mesure où elle peut déterminer les décisions ou les influencer fortement. Cette forte présence de la France donne à penser qu’elle cautionne et approuve les décisions et la gestion de l’autorité monétaire des Comores.

Une présence marginale de la France dans le Conseil d’administration de la BCC comme c’est le cas dans celui de la BEAC et la BCEAO apparaîtrait plutôt comme une contrainte de transparence qu’une contrainte d’influence tout en contribuant à apaiser ceux qui sont tentés d’y voir un résidu colonial. Autrement dit, la réduction au minimum de la présence de la France au CA de la BCC peut apparaître comme la marque de l’engagement que constitue la garantie de convertibilité dans un partenariat moderne tout en contribuant de ce fait à la crédibilité de la Banque Centrale des Comores.

MY

 


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