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des Comores

Nouveau gouvernement Azali : Une nouvelle équipe marquée par le sceau de la jeunesse et déjà de virulentes critiques !

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Nouveau gouvernement Azali : Une nouvelle équipe marquée par le sceau de la jeunesse et déjà de virulentes critiques ! © : HZK-LGDC

Plus d’un mois après son investiture, le Président Azali Assoumani a nommé, le 01 juillet 2024, son premier gouvernement, composé de 15 membres dont 2 femmes. Un gouvernement dont la principale caractéristique est sa jeunesse. Des visages nouveaux dans la scène politique et pour le grand public, car, sauf erreur de ma part, la quasi-totalité des promus n’ont jamais été élus pour un mandat national, mis à part l’ancien député d’Itsandra nord, Oumouri Madi Hassani, nommé ministre des Postes et vont découvrir pour la première fois les fonctions exécutives. Cette équipe incarne le renouveau, slogan plébiscité lors de la campagne présidentielle.


Pour la petite anecdote le « Renouveau » était le slogan de campagne de l’ancien Président Sénégalais Macky SALL, tout comme le PSE- le Plan Sénégal Emergent avec comme objectif l’émergence du Sénégal et son expansion économique à l’horizon 2035 ! Il n’a pas fallu attendre longtemps pour que les piques fusent dans tous les sens. Dès la publication du décret du nouveau gouvernement, les commentaires sur l’âge des nouveaux ministres pleuvent. Seul le ministre de l’Intérieur du précèdent gouvernement, M. Mahamoud Fakridine a été reconduit au même poste. Il y a une absence qui a particulièrement marquée les esprits. Il s’agit de M. Houmed Msaidie, ancien ministre de l’Agriculture, porte-parole du gouvernement et directeur de campagne du Président-candidat Azali, figure-clé de son élection selon les propres dire de ce dernier que tout le monde considérait incontournable, à raison, pour avoir joué un grand rôle pendant et après les élections. D’aucuns n’hésitent pas à parler carrément d’une purge qui vient d’être opérée.

S’il y a aussi une chose que les commentateurs et les observateurs, mais aussi les politiques pointent du doigt, c’est surtout le manque d’expérience des nouveaux ministres que les uns qualifient de technocrates et les autres de novices dans la gestion des affaires de l’Etat. Et cela inspire un certain scepticisme à l’endroit de ce gouvernement le plus inattendu dans l’histoire politique de notre pays. Pour un grand nombre de nos compatriotes et sans lui faire injure, on a du mal à se convaincre que cette équipe est la plus compétente et encore moins la plus légitime pour incarner ces fonctions. Oui c’est un euphémisme de dire que le choix de ces nouveaux ministres a fait dresser les cheveux sur la tête de beaucoup de comoriens et toutes nos habitudes politiques sont totalement chamboulées. D’aucuns disent que dans notre pays, la fonction de ministre est banalisée et dévalorisée mais c’est pourtant bien eux que le Président Azali Assoumani a choisi. C’est ainsi dans un régime présidentiel comme le nôtre !

Personnellement, j’ai eu l’occasion de m’exprimer sur le sujet dans les colonnes du journal Alwatwan, quant à l’éventualité d’un tel scénario qui est aujourd’hui, une réalité. Et j’ai donné mon point de vue. L’on dit souvent qu’il ne faut pas avoir raison avant les autres ! Néanmoins, et comme le débat est lancé, je prendrai ma part. Quand Léonard de Vinci soutient que « la sagesse est fille de l’expérience », Pierre Corneille répond qu’« aux âmes bien nées, le talent n’attend point le nombre des années ». Ce débat est biaisé et je regrette qu’en se focalisant sur l’âge des nouveaux ministres, on écarte à la légère un vrai problème touchant à la vraie préoccupation des Comoriens, c’est-à-dire, le risque de faire un procès d’intention et une présomption d’incompétences en camouflant les véritables problématiques de la vie politique comorienne et, notamment les aspirations de la population. Un gouvernement n’est pas un casting de concours de beauté. C’est beaucoup plus sérieux puisqu’il s’agit de s’occuper de la politique du pays, d’en organiser la vie et de régler également des crises sociales. Oui évidemment que l’expérience, le vécu, la connaissance des situations, est un atout. Néanmoins, il convient de rappeler qu’on peut ne pas avoir beaucoup d’expérience et manquer cruellement d’épaisseur et répondre aux attentes. De la même manière que ce n’est pas parce qu’on est issu du monde des finances qu’on ferait un bon ministre dans ce département ministériel et j’en passe. Ça se saurait ! Tout ça pour dire qu’il ne suffit pas d’avoir le bon profil pour faire un bon ministre, des exemples illustrant, on en a eus.

Pour rappel, il fût un temps dans notre pays, où il suffisait de parler une langue étrangère comme l’arabe pour travailler au ministère des Affaires étrangères et devenir de facto diplomate. Fermons la parenthèse ! Le Président Azali a indéniablement frappé un grand coup et envoyé un message fort à l’endroit de la jeunesse, en confiant ces très hautes fonctions de l’Etat à cette composante essentielle de la population et laisse entrevoir un changement de paradigme.

Aux nouveaux ministres, je voudrais leur dire avec humilité d’être conscients des défis qui sont devant eux. Ils devront prendre les critiques, la méfiance et parfois les inquiétudes légitimes du peuple comorien, pour une source de motivation, en travaillant, non pas pour leur gloire personnelle, mais pour trouver des solutions afin d’améliorer les conditions de vie de la population, qui est pétrie d’angoisses pour joindre les deux bouts.

Alors soyez au rendez-vous pour mériter cette confiance que le Président de la République vous a accordée et d’en être dignes. C’est la seule façon de le remercier ! Le temps du bilan viendra et en attendant, faites vos preuves car comme dit le proverbe « c’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens »

Said Omar Badaoui, Ancien diplomate (Paris, Bruxelles)

 


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