Être député ne se limite pas à siéger à l’Assemblée nationale. Le rôle d’un député va bien au-delà : il doit déposer des propositions de loi, proposer des amendements pour améliorer les textes examinés, et ce, dans l’intérêt de la population. Il a également la responsabilité de contrôler l’action du gouvernement. Élu dans une circonscription locale, le député est avant tout un représentant de la Nation.
Aux Comores, force est de constater que nos élus ne remplissent pas leur mission. Trop souvent, la situation de la population ne semble pas les intéresser. Bien qu’élus localement, ils ne jouent pas leur rôle de défenseurs des intérêts de leurs électeurs. Déposer des propositions de loi ou proposer des amendements pour des textes favorables au peuple reste une exception, voire une pratique inexistante. Pire encore, au lieu de contrôler l’action gouvernementale, comme le prévoit leur mandat, nos députés se contentent de travailler au service d’un gouvernement. Cette soumission systématique, bien qu’ancienne, reste une source de frustration pour la population. Il est rare, voire inédit, qu’un député refuse une loi défavorable au peuple comorien ou qu’il interpelle un ministre ou un directeur général sur la gestion de son administration. La corruption, les détournements de fonds publics et la mauvaise gouvernance des sociétés d’État, comme l’ONICOR, la SONELEC ou la SONEDE, passent souvent sous silence. Pourtant, les députés ont le pouvoir et le devoir de demander des comptes et d’agir pour le bien commun. Au lieu de cela, beaucoup préfèrent profiter des privilèges matériels et financiers attachés à leur fonction, oubliant leur véritable mission : protéger et promouvoir les intérêts du peuple.
Une population désabusée
Cette situation a conduit à une perte de confiance généralisée chez les Comoriens. Salim Soulaimane, un jeune citoyen de 25 ans, illustre bien ce désenchantement. « J’ai 25 ans aujourd’hui, et j’ai vu passer plusieurs générations de députés. Aucun d’eux n’a réellement joué son rôle. Nos représentants ne se préoccupent pas de nos intérêts, seulement des leurs. Regardez la vie que nous menons : aucune réaction de leur part pour stabiliser la situation. Pourtant, ils ont le pouvoir d’interpeller le gouvernement et les dirigeants des sociétés qui ne remplissent pas leurs obligations. Par exemple, l’ONICOR, la SONELEC ou la SONEDE. Mais rien n’est fait. Je continue à voter, par devoir citoyen, mais je n’attends rien. Je vote nul, comme d’habitude », déplore-t-il.
Un besoin urgent de députés responsables
Ce sentiment d’abandon est largement partagé. La population comorienne, qui souffre quotidiennement, a perdu espoir en ses élus. Et pourtant, l’Assemblée nationale devrait être l’un des piliers de la démocratie et du développement du pays. Alors que les prochaines élections permettront d’élire 33 nouveaux députés, une question essentielle se pose : ces futurs représentants seront-ils à la hauteur de leur mission ? Répondront-ils aux attentes du peuple comorien en défendant ses intérêts avec courage et détermination ? Ou continueront-ils, comme leurs prédécesseurs, à tourner le dos à ceux qui les ont élus ? Le temps est venu pour les Comoriens d’exiger des députés dignes de ce nom, capables de faire entendre la voix du peuple et de bâtir un avenir meilleur pour le pays.
Nassuf Ben Amad
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