La Gazette

L’association comorienne de lutte contre le cancer chez la femme (ACCF) a lancé samedi dernier la 7e édition d’Octobre rose, une campagne nationale consacrée à la sensibilisation et au dépistage précoce du cancer du sein. Une occasion pour l’association d’interpeller encore une fois les pouvoirs publics à une implication plus forte face à cette maladie et sur la nécessité d’un meilleur accompagnement des patientes.

Cette nouvelle édition marque le début d’un mois d’actions et de mobilisation à travers le pays. « Détecté tôt, le cancer du sein peut être guéri dans plus de 90% des cas » c’est par ces mots que la campagne a été lancée. Depuis 2019, Octobre Rose permet de renforcer les connaissances de la population sur les facteurs de risque et l’importance du dépistage. En six ans, les résultats obtenus sont encourageants. L’ACCF a organisé 127 causeries de sensibilisation dans différentes localités, réalisé 2 492 mammographies et échographies mammaires dont plus de la moitié financées directement par l’association pour un montant de plus de 22 millions KMF et offert 331 frottis cervico-utérins. Trente patientes ont été suivies depuis 2023, dont malheureusement quatre sont décédées. Chaque année, environ 150 consultations gynécologiques gratuites sont également proposées. Lors de cette conférence, l’association a tenu à exprimer sa gratitude aux gynécologues bénévoles, parmi lesquels le Dr Naylati Abdou, le Dr Soumaihat Ahmed et le Dr Rahia Mmadi Soilihi, pour leur engagement sans faille.

Au-delà de la sensibilisation, l’ACCF a mis en place une ligne budgétaire spéciale intitulée « suivi des malades » afin de soutenir financièrement les patientes les plus démunies, notamment pour leurs évacuations sanitaires vers la Tanzanie. « Cette initiative répond à la fois aux besoins urgents des malades et aux attentes des donateurs qui souhaitent que leur contribution bénéficie directement aux patientes », souligne Zahara Abdallah, la présidente de l’ACCF. Cependant, des défis persistent. La suspension de la convention sanitaire avec l’île Maurice depuis près de deux ans constitue une entrave pour l’évacuation des malades. Elle appelle les autorités à réactiver cet accord. « Le pays ne dispose pas non plus de services de soins palliatifs, indispensables pour assurer dignité et accompagnement aux patientes en fin de vie. L’ACCF appelle le ministère de la santé à développer de soins palliatifs et de fin de vie afin de garantir l’accompagnement aux patientes », exhorte-t-elle. Et surtout que le poids écrasant de la prise en charge, est souvent assumé par les familles et l’assocaition, un veritable casse tete.

Toutefois, l’association salue la désignation du Dr Rahia Mmadi Soilihi comme point focal du ministère de la santé pour accompagner une mission exploratoire de l’ONG Douleurs Sans Frontières. Enfin, l’absence d’un laboratoire national d’anatomopathologie complique les diagnostics, obligeant les patientes à envoyer leurs prélèvements à l’étranger avec des coûts prohibitifs pour les familles. La campagne Octobre Rose 2025 se déroulera du 29 septembre au 9 novembre. Elle comprendra des campagnes de sensibilisation dans les trois îles, des séances de dépistage à Moroni et Mutsamudu, une soirée de gala prévue le 18 octobre, une journée sportive le 25 octobre et la grande marche rose de clôture le 9 novembre. Les centres d’imagerie partenaires proposeront des tarifs réduits pour les mammographies, et l’ACCF prendra en charge les frais pour les patientes de Mohéli, dépourvue de centre d’imagerie.

Cette édition ouvre également de nouvelles perspectives. L’ACCF annonce la signature d’une convention avec l’INRAPE pour mutualiser les compétences, la création d’une antenne en France, le lancement prochain d’un site internet ainsi que l’acquisition de bustes pédagogiques pour l’apprentissage de l’auto-palpation.

À travers ce lancement, l’ACCF invite les pouvoirs publics, les entreprises, les associations et l’ensemble des citoyens à soutenir activement Octobre Rose 2025, en participant aux activités, en relayant les messages de sensibilisation et en contribuant financièrement. Comme  elle le souligne si bien. « Octobre rose, c’est plus qu’une campagne, c’est un combat collectif pour sauver des vies et donner de l’espoir aux femmes comoriennes touchées par le cancer du sein », renchérit Zahara.

AndjouzaAbouheir

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