À Moroni, de plus en plus d’adolescents se retrouvent exposés à la drogue et à des comportements à risque. Derrière ce phénomène discret mais réel, se mêlent inquiétudes de parents, témoignages d’anciens gendarmes et analyses d’experts.
Dans certains quartiers, les jeunes errent, sans repères clairs ni accompagnement. « Ce que je voyais le plus souvent, c’étaient des jeunes livrés à eux-mêmes, sans orientation ni soutien », confie un ancien gendarme. « Beaucoup cherchent simplement à s’amuser, à exister, mais finissent par se perdre. Le rôle de la gendarmerie, ce n’est pas seulement de punir, c’est aussi d’alerter et de conseiller les familles. » Pour lui, la prévention doit être une priorité : « Beaucoup de jeunes tombent parce qu’aucun adulte n’a pris le temps de leur parler, de les écouter ou de leur montrer d’autres chemins possibles. »
Dans les foyers, l’inquiétude grandit. Faouzia Abasse, mère d’un garçon de 16 ans, confie : « Je le vois souvent traîner avec des amis que je ne connais pas. Il devient nerveux, parle peu… J’ai peur qu’il prenne de mauvaises habitudes. » Même sentiment d’impuissance pour Soufiane Ali, père de deux enfants : « On essaie de les encadrer, mais parfois on se sent dépassés. Dans notre quartier, beaucoup de jeunes se perdent, et on ne sait pas toujours vers qui se tourner. »
Selon un cadre de l’administration, le problème est connu des autorités. « Le chef de l’État s’engage contre la drogue, mais il faut reconnaître que certains acteurs au sein même des institutions fragilisent cette lutte. Cela complique les efforts de contrôle et de prévention. » Pour le psychologue Ben Ali Khaer, il est crucial d’apprendre à reconnaître les signaux d’alerte : « Isolement, irritabilité, changement d’amis, perte d’intérêt pour l’école… Autant d’indices qui doivent pousser au dialogue, mais sans jugement. » Il préconise aussi une approche ancrée dans la réalité comorienne : « Impliquer la famille élargie et les leaders religieux ou communautaires aide à recréer un environnement protecteur. » Si le phénomène n’est pas encore massif, il reste préoccupant. Il rappelle surtout l’urgence d’écouter et de comprendre cette jeunesse, avant qu’elle ne s’égare définitivement.
Mohamed Ali Nasra
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