La crise d'énergie s'intensifie aux Comores. Des régions entières sont plongées dans le noir durant des longues heures, sans explications aucune. Des délestages récurrents qui ne sont pas sans conséquence sur l'économie qui peine à se remettre des séquelles du cyclone Kenneth mais surtout de la Covid-19.
Les vieilles habitudes ont la peau dure chez Sonelec. La société productrice et fournisseur de l'électricité renoue avec la crise de l'énergie, après une période relativement stable en termes de rationnement. Les délestages intempestifs et récurrents, sont de retour dans l'ensemble du pays, malgré les moyens colossaux déployés par l'État et ses partenaires pour relancer un secteur vital pour l'économie du pays. Les coupures d'électricité de plus en plus longues, qui peuvent durer jusqu'à 15h dans certains endroits de la capitale, près 20h par jour en dehors de Moroni, paralyse les activités économiques du pays.
Des secteurs, comme la menuiserie, les ateliers de soudure et de couture sont quasiment à l’arrêt. Ces artisans se sentent désarmés face à la situation. « Cette crise qui ne dit pas son nom, tombe au mauvais moment pour nous. Nous sommes dans une période où nos carnets de commande sont complets mais nous sommes dans l'incapacité à être dans les délais, à cause de ces délestages », regrette Ali Ibouroi qui tient un atelier de soudure à la sortie sud de la capitale. « J'ai une commande de plusieurs grilles de protection de fenêtre mais aussi des portails à rendre dans deux jours. Il y en a pour la semaine prochaine. L'absence de courant me rend très confus. Je risque de perdre ces commandes. Heureusement que mes clients sont sur place et voient ce que nous subissons », s'inquiète-t-il.
Même constat pour Mmadi Soilih, propriétaire d'une menuiserie à Malouzini selon qui des clients sont remontés contre lui pour n'avoir pas eu leurs commandes à temps. « J'ai échappé de peu une bagarre avec un de mes clients. Ils avaient commandé des fenêtres et des portes. Plus le jour des cérémonies de mariage se rapproche, plus la pression monte sur moi. Devant leur insistance, j'étais obligé de louer un groupe électrogène pour finir leurs travaux. Le perdant, c'est donc moi », souligne-t-il. Et d'enchaîner: « J'essaie de les comprendre. Les responsables de tout cela, sont nos gouvernants. C'est une période d'activité. Et ces délestages intempestifs ne nous aident pas. Ils nous enfoncent au contraire. Nous courrons le risque de tout perdre ». Ce dernier se dit exacerbé surtout par le silence des responsables. « Au moins, s'ils nous communiquent les heures des coupures. On saurait se programmer par conséquent », ajoute-t-il.
Et pourtant, l'eau et l'énergie sont les deux secteurs qui ont bénéficié le plus des projets allant de la gestion administrative à la réhabilitation des infrastructures. Dernier en date, le projet d’appui au secteur de l’énergie aux Comores (Pasec) de la Banque africaine de développement. Un projet qui a bénéficié de deux financements : un premier, d’un montant de 8,06 millions de dollars américains émanant du Fonds africain de développement, le guichet concessionnel du Groupe de la Banque. Et un deuxième, de 11,99 millions de dollars issus de la Facilité d’appui à la transition. Un projet qui vise trois objectifs majeurs: réhabiliter les capacités de productions d'énergie, contribuer à l’amélioration de la gouvernance financière à travers le renforcement des capacités dans le sous-secteur électricité; et assurer une préparation de qualité des futurs projets d’énergie renouvelable grâce à la réalisation des études appropriées. Autre projet récent, c'est celui de la Banque Mondiale à travers le projet Energy sector recovery program (ESRP) en date de 2018 et qui devait permettre à Sonolec d'améliorer ses performances. Notamment en fourniture d'électricité dont le taux est passé de 55% à 65%. Ainsi que la collecte du paiement qui est également passée de 55% à 81%. Malgré cette assistance massive, la performance manque au rendez-vous.
Maoulida Mbaé
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