Jusqu'à cette réévaluation, la Roussette de Livingstone était classée « en danger critique d'extinction », le niveau d'alerte le plus élevé avant l'extinction à l'état sauvage. Cette réévaluation à la catégorie « en danger » repose sur des données de population collectées par Dahari depuis 2013, en collaboration avec l’Université des Comores et les Parcs Nationaux, et le soutien de Bat Conservation International.
En mai de cette année, la roussette de Livingstone (Pteropus livingstonii) a été officiellement déclassée de la catégorie « En danger critique d’extinction » à la catégorie « En danger » par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Cette réévaluation repose sur des données de population collectées par Dahari depuis 2013, en collaboration avec l’Université des Comores et les Parcs Nationaux, et le soutien de Bat Conservation International. Ce reclassement est le signe que les efforts de conservation portent leurs fruits. « La roussette de Livingstone est une espèce emblématique des Comores et un axe prioritaire des efforts de conservation de Dahari. Il faut préciser que ce changement de statut ne découle pas directement de nos actions de conservation, bien que celles-ci restent essentielles pour éviter un déclin de la population. C’est plutôt la découverte de nouveaux dortoirs combinée à un suivi biannuel régulier qui a permis une meilleure compréhension de la taille et de la stabilité de la population », explique Misbahou Mohamed, Co-Directeur de Dahari.
Cette situation était due à une combinaison de menaces sévères comme une perte drastique de son habitat : Cette chauve-souris frugivore géante est endémique de deux petites îles de l'archipel des Comores : Anjouan et Mohéli. La déforestation intensive pour l'agriculture (notamment la culture de l'ylang-ylang et des bananes) a fragmenté et détruit les forêts humides dont elle dépend pour se percher et se nourrir. On peut citer aussi les cyclones : comme toute espèce insulaire, elle est vulnérable aux catastrophes naturelles qui peuvent détruire des colonies entières en une seule fois. « Malgré cette amélioration de statut, l’espèce demeure menacée : sur les 62 espèces de Pteropus inscrites sur la Liste rouge de l’UICN, la roussette de Livingstone reste parmi les plus exposées au risque d’extinction, principalement en raison de la disparition rapide de son habitat forestier, souligne-t-il. Les statistiques fiables sur la déforestation manquent aux Comores, mais les meilleures analyses disponibles indiquent une perte de 80% des forêts naturelles sur l’île d’Anjouan entre 1995 et 2014 ».
Et d’ajouter : « On pensait jusqu’ici que ce niveau élevé de déforestation entraînait une baisse directe du nombre de roussettes de Livingstone. Cependant, les comptages réguliers menés deux fois par an par Dahari, d’abord à Anjouan avec l’appui de l’Université des Comores et du Parc National Ntringui, puis étendus à Mohéli en collaboration avec le Parc National de Mohéli, montrent que la population de roussettes est stable depuis 2012 ». Depuis 2019, des recherches utilisant des tags GPS permettent de mieux comprendre la façon dont les roussettes utilisent le paysage et les forêts restantes. Ces études ont conduit à la découverte de nouveaux dortoirs et de zones d’alimentation clés. Ces informations ont ensuite permis d’obtenir des estimations plus grandes et plus précises de la population sur Anjouan.
« Une meilleure compréhension de l’utilisation du territoire et des effectifs de cette espèce menacée a permis de combler d’importantes lacunes dans les connaissances et de réévaluer son statut sur la Liste Rouge de l’UICN, menant ainsi à son reclassement dans la catégorie « En danger ». Cependant, la survie à long terme de l’espèce dépendra de la poursuite des actions de conservation et du maintien d’une étroite collaboration entre tous les acteurs aux niveau national et international », avance-t-il. Et dans ce sens, Dahari est déjà en avance. Il a mis en place des accords de conservation donnant l’espoir de rompre le cycle de la déforestation à Anjouan. « Sept des 26 dortoirs connus (20 à Anjouan et 6 à Mohéli) sont actuellement protégés grâce à ces accords. Il apporte des avantages aux agriculteurs sous forme de soutien agricole ou appui financier. En contrepartie, les agriculteurs s’engagent à protéger les arbres et à restaurer la forêt sur leurs parcelles dans des zones essentielles pour les roussettes, la biodiversité et la régénération des ressources en eau », annonce-t-il.
MY
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