Huit mois après le glissement de terrain meurtrier du 19 février à Mutsamudu, dans le quartier de Paré la Magari, qui a coûté la vie au journaliste Rim Toimridine de l’ORTC, les autorités semblent enfin passer à l’action. Le gouvernement vient de dégager 99 millions de francs comoriens pour sécuriser la zone à haut risque, située sur la route menant vers Hombo. Une décision jugée salutaire, mais tardive, face à une menace toujours bien réelle pour des dizaines de familles vivant au pied de la montagne.
Sur place, le constat est glaçant : maisons fissurées, murs suspendus au-dessus du vide, et un pan de colline prêt à s’effondrer au moindre orage. Chaque pluie devient un compte à rebours.
« Nous ne pouvons plus attendre un autre drame pour agir », confie un habitant, le regard perdu vers sa maison soutenue par un simple mur de fortune. Le directeur des Travaux publics, Mohamed Abdou, se veut rassurant : les travaux de sécurisation « seront achevés avant la saison des fortes pluies, le Kashikazi ». Il promet un suivi rigoureux du chantier et précise que l’entreprise « doublera les heures de travail » afin de livrer avant décembre 2025.
Un engagement important car la route concernée est vitale : elle relie notamment l’hôpital, la gendarmerie, le palais de justice et la présidence. Sur le terrain, les usagers de la route appellent à la prudence et à la rigueur. « Il faut construire deux murs de soutènement et casser la pente avant de tout reconstruire », plaide Said Toiha, alias Zizou. Son collègue Aboulka insiste sur « un mur indépendant de deux digues pour sécuriser les maisons d’en haut ». Quant à Gobelet, chauffeur de camion, il salue la présence de partenaires chinois sur le chantier : « Avec eux, on espère une vraie solution, pas du rafistolage. »
Mais au-delà des promesses et des plans d’ingénierie, la réalité reste implacable : chaque jour de retard accroît le risque d’un nouveau drame. Les 99 millions annoncés ne doivent pas devenir une simple ligne de budget, mais un véritable rempart contre la catastrophe. À Mutsamudu, le danger n’est pas derrière, il plane toujours. Et si les travaux n’aboutissent pas à temps, le prochain effondrement pourrait emporter bien plus qu’un pan de montagne : la confiance d’un peuple déjà meurtri.
Younes
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