Après deux vendredis marqués par la confusion liée au nouvel horaire de la prière du vendredi fixée à 13h00, plusieurs voix religieuses se font entendre. Des imams et prédicateurs appellent le président Azali Assoumani à reconsidérer cette mesure, estimant que les questions religieuses ne devraient pas être réglées par voie administrative. Ils plaident pour un retour à la liberté d’horaire, en accord avec la tradition prophétique et dans le souci de préserver l’unité spirituelle des Comoriens.
Depuis deux semaines, la controverse s’envenime autour de la décision gouvernementale d’unifier l’heure de la prière du vendredi à 13h00. Après la publication du Fatwa, le Dar al-Ifta tente d’apaiser les tensions et de rétablir un consensus religieux. Le 15 octobre dernier une réunion élargie se tient à Moroni, à l’initiative du Mouftorat, pour examiner les fondements de la mesure et ses impacts sur la cohésion nationale. La rencontre réunit plusieurs figures religieuses de notre pays, dont Abdillah Yahya Toyb, conseiller du président pour les affaires religieuses, l’ancien ministre Mohamed Housseini Djamal al-Laïli, des juristes, des prêcheurs et des professeurs de la faculté Imam Chafiou. Ensemble, ils analysent les arguments religieux et pratiques autour du nouvel horaire imposé par le gouvernement.
Le cheikh Ibrahim Nassif, représentant du Mouftorat a déclaré que « la religion doit rester un facteur d’unité et non de division ». Il rappelle que selon la jurisprudence islamique, « la prière du vendredi demeure valide de midi jusqu’à l’après-midi, et fixer le sermon à 13h00 n’est pas interdit, mais constitue une adaptation aux conditions de travail modernes ». Cependant, plusieurs prédicateurs mettent en garde contre les effets d’une uniformisation imposée. « Le changement d’heure s’écarte de la pratique des ancêtres et risque d’introduire des tensions inutiles », a affirmé un groupe d’imams dans une déclaration publiée le 29 septembre.
Au cours de la réunion, le professeur Abdoulhakim Mohamed Chakir présente une étude confirmant que, selon l’école chaféite, « l’imam de la communauté peut fixer l’heure de la prière dans l’intérêt public ». Les participants reconnaissent la validité de la prière à 13h00, mais appellent à respecter la diversité des pratiques locales et à préserver l’unité des mosquées. L’ancien ministre des Affaires islamiques, Mohamed Housseini Djamal al-Laïli, souligne que « la question doit être abordée avec sagesse et concertation, car la religion a toujours rassemblé les Comoriens ». Il demande au président Azali Assoumani « de libérer la prière du vendredi de toute contrainte administrative » afin de « préserver la paix spirituelle du pays ». De son côté, le Chef de l’État a réaffirmé son engagement pour une approche inclusive et ordonné « une étude approfondie » sur l’horaire du vendredi. En attendant, le Mouftorat invite les fidèles à « la retenue et à la compréhension mutuelle », rappelant que « la pluralité des opinions fait partie de la richesse du fiqh islamique ».
Ibnou M. Abdou
Les contenus publiés dans ce site sont la propriété exclusive de LGDC/HZK Presse, merci de ne pas copier et publier nos contenus sans une autorisation préalable.